Le Village des Filtres Perdus

Dans un petit village niché au creux des montagnes vivait Élias, un jeune homme que tout le monde connaissait comme « le garçon malchanceux ». Chaque jour, il avait toujours un problème à raconter : un outil cassé, un voisin grognon ou un projet qui ne marchait jamais.

« Tu n’as vraiment pas de chance, Élias ! » lui disait-on.

Un matin, frustré par une énième mésaventure, Élias alla voir la vieille sage du village, Maïa. Elle vivait en retrait dans une maison entourée de fleurs et de vent. Elle était connue pour ses questions étranges et ses réponses qui faisaient réfléchir.

« Je suis né sous une mauvaise étoile, Maïa. Rien ne fonctionne pour moi », soupira Élias.

Maïa l’invita à s’asseoir et lui dit doucement :

« Tu ne manques pas de chance, Élias. Tu manques de filtres mentaux. »

Élias fronça les sourcils. Des filtres ? Comme ceux qu’on met dans une cafetière ?

« Oui. Des filtres qui t’aident à regarder la vie autrement. »

Elle lui tendit une petite boîte en bois.

« À l’intérieur de cette boîte, tu trouveras trois filtres. Essaie de les utiliser chaque fois que tu crois manquer de chance. »

Intrigué, Élias rentra chez lui et ouvrit la boîte. Il y trouva trois rouleaux de papier, chacun marqué d’un mot : Perspective, Patience, Possibilité.

Dès le lendemain, Élias mit les filtres à l’épreuve. Quand son seau se renversa en allant chercher de l’eau, il fulmina d’abord. Puis, il se rappela du premier filtre : Perspective. Il réalisa que ce n’était qu’un seau d’eau, et qu’il avait le temps d’y retourner. Pas si grave finalement.

Plus tard, une commande au marché fut annulée. Il pensa à abandonner, mais le filtre Patience lui rappela que certaines choses demandent du temps. Il décida de rester calme. Quelques jours plus tard, le même client revint avec une commande doublée.

Enfin, quand il ne trouvait pas de solution à un problème, il se souvenait du filtre Possibilité. Au lieu de se plaindre, il cherchait une nouvelle idée, un autre chemin. Ce filtre-là, il l’utilisa beaucoup… et il en récolta beaucoup.

En peu de temps, les villageois furent surpris de voir Élias sourire, même quand les choses ne se passaient pas comme prévu.

« Tu as changé, Élias ! Tu as trouvé la chance ? »

Élias sourit et répondit :

« Non. J’ai trouvé mes filtres. »


Moralité :

Ce n’est pas la vie qui est contre nous, mais souvent notre façon de la regarder. Le bonheur n’est pas dans la perfection des événements, mais dans la manière dont on les filtre. Au fond, la chance, c’est souvent une question de perspective.